Italo Di Pietro
Propriétaire d'Anonymus concepts
Date Published: 20/06/2022
Pourquoi avez-vous décidé de devenir architecte d'intérieur ?
J'ai fait beaucoup de programmes avant de trouver le design intérieur. J'ai suivi des cours d'arts créatifs, business, sciences sociales, marketing. J’ai tout essayé et je n'ai jamais aimé aucun de ces programmes. Pour être honnête avec toi, je m'ennuyais vraiment et je voulais simplement faire quelque chose de créatif.
À ce moment-là, HGTV est apparu avec des émissions de rénovation des maisons et nous avons vu les possibilités qui s'offraient à nous. J'ai ensuite décidé de faire des études de design intérieur pour voir si cela me plaisait, mais je n'avais pas réalisé à quel point c'était technique ; c'est aussi un aspect que j'ai aimé. J'ai beaucoup de racines d'architectes dans ma famille. C'est surement de là que vient mon inspiration. Une fois que j’ai débuté à l'école Inter-Dec, cela a été une réalité complètement différente. Vous voyez une chose, et vous réalisez que vous faites des séries complètes de dessins. À l'époque, les dessins étaient tous à la main!
Selon vous, comment la covid-19 a ou aura un impact sur l'avenir du design intérieur?
Je pense que la seule façon dont cela va affecter le design intérieur est la quantité d'argent que les gens sont prêts à investir dans leurs projets. Au cours de la pandémie, certaines personnes ont gagné plus d'argent, certaines ont gagné moins d’argent. Au final, ce sont les plus forts qui ont survécu. Ils ont également dû rechercher les opportunités qui s'offraient à eux pour continuer à travailler et ne pas se contenter à rien faire. Je pense qu'il y a deux façons de voir ce que la covid-19 a fait aux gens.
Comment la covid-19 vous a-t-elle affecté en tant que designer ?
Les restaurants et les bureaux représentent la majeure partie de mon travail. Ces entreprises sont celles qui ont probablement été les plus affectées. J'ai eu la chance de connaître les bonnes personnes de l’industrie qui ont vu ce qui se passait. Il y avait une tendance qui se développait et ils ont décidé d'aller jusqu'au bout et de faire ce qu'ils avaient à faire. Au début de la covid-19, les restaurateurs installaient des plexiglas et faisaient des divisions pour pouvoir rouvrir leur établissement.
À un certain point, nous étions sur le point de signer notre plus gros contrat de l'année, puis ce fut un silence total peu de temps après, en raison de la pandémie. Finalement, j'ai reçu un appel un an plus tard nous avisant que tout allait de l’avant. En raison de l'incertitude et des changements liés aux réglementations et aux fermetures que le gouvernement imposait aux entreprises, nous avions commencés à concevoir quelques projets résidentiels durant la pandémie.
Et oui, le Québec est toujours en retard sur le reste du monde. Au moins, nous suivons actuellement la tendance où les mesures vont être retirées.
Pour l'instant, cela ne m'affecte pas vraiment en tant que designer. Dans la situation actuelle, les entreprises sont ouvertes et personne ne change le design qui existait déjà pour s'adapter à ce qui se passe. Pour ce qui est de la conception des bureaux, je continue à concevoir des bureaux et à leur donner tout ce qu'ils veulent. Ce sont principalement des concepts ouverts et des espaces communs, car il n'y a qu'un nombre limité de bureaux fermés dans un espace. La croissance de l'entreprise exige une certaine flexibilité. Alors, inquiétez-vous de la covid-19 ou de la croissance de votre entreprise ?
Quels ont été les défis que vous avez dû relever pendant les deux années de covid-19 ?
Le plus difficile a été de ne pas avoir mes employés à mes côtés. Le design est souvent meilleur lorsque je peux impliquer plus de cerveaux dans un projet. J'aime aussi le processus de création : discuter avec mon équipe, lancer des idées, leur donner mon avis et écouter ce qu'ils pensent. Ceci étant dit, travailler à distance était tout un processus d'allers-retours de courriels et c'était vraiment épuisant.
Vos employés sont-ils de retour au bureau ?
Toute mon équipe est de retour au bureau. J'ai également embauché un employé supplémentaire car nous sommes très occupés.
Comment la covid-19 a-t-elle eu un impact sur vous personnellement ou sur votre façon de travailler?
J'ai un grand groupe d'amis. Nous nous voyons généralement une fois par mois pour regarder un combat d'UFC ou un match de hockey. À un certain point, la solitude de ne pas voir mes amis est devenue insupportable.
Ces petites choses nous font réaliser l'importance de passer du temps avec nos amis, notre famille et d'avoir notre propre temps. À un moment donné, ça devient difficile, mais on s'en sort. Je ne pouvais pas imaginer vivre dans un petit appartement et être restreint pendant six mois. Nous avons eu la chance de pouvoir nous échapper à notre chalet et j'ai passé trois mois avec mes enfants et ma famille. Cela ne serait jamais arrivé avant la pandémie. J'ai mis mon fils sur mon sac à dos et je suis parti en randonnée. J'ai fait un peu de travail et j'ai continué à faire ce que j'avais à faire. Si je pouvais vivre comme ça tous les jours, je le ferais sans hésiter. Le point positif de la COVID est que j'ai acheté une maison et que j'ai pu la rénover. Cela m'a vraiment aidé à recentrer mon énergie.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui se lance dans la décoration d'intérieur ?
Assurez-vous que vous aimez ce que vous faites. Si vous aimez votre travail et vous êtes passionné par quelque chose, vous serez généralement bon dans ce domaine. Tant que vous y travaillez, tout le reste vient à vous. Je suis quelqu'un qui projette les choses dans l'univers. Si vous projetez à l’univers, plus les choses se réalisent pour vous; à condition que vous travailliez fort pour les obtenir. Pour un jeune designer, je vous conseille de ne pas abandonner. C'est difficile au début. Vous n'allez pas devenir designer. Vous allez travailler dans une firme de design où vous ferez peut-être des dessins pendant deux ans, mais c'est bien parce que pendant cette période, vous apprenez à dessiner. Oui, c'est ennuyeux. Par contre, je l'ai fait, je l'ai vécu et j'ai appris de cette expérience.
Selon vous, quelle est votre plus grande qualité dans votre métier ?
Je pense que ma plus grande qualité est de trouver des solutions. Si quelqu'un dit que c'est impossible, je remets toujours en question et j'essaie de trouver un moyen de le faire.
Quelle est la plus grande leçon que vous avez apprise au cours de votre carrière ?
La plus grande leçon que j'ai apprise dans ma carrière est d'écouter davantage. Écoutez vos employés et vos clients. Parfois, les clients n'ont pas les meilleures idées, mais écoutez-les. D'une mauvaise idée peut naître une excellente idée. De même, ne rabaissez pas votre client à cause d’une mauvaise idée. Ils ne veulent pas se sentir comme ça. Ils dépensent de l'argent sur ce projet. Sous une forme ou une autre, ils sont toujours impliqués. Il n'y a jamais de projet où ils ne veulent pas être impliqués.
Quel est votre type de projet préféré ?
Je les aime tous. Nous travaillons actuellement sur un projet qui implique un magasin de détail et je n'ai pas fait de commerce de détail depuis mes débuts chez Loda, il y a 12 ans. J’ai travaillé pendant deux ans et j'ai voyagé dans tout le Canada pour La Senza et pour Timberland, en mesurant des magasins pour des projets sur mesure. J'étais jeune, je voulais apprendre et j'ai pu voyager. Je me suis dit : ' Me voilà, un homme d'affaires qui voyage ', avec des plans roulés dans les mains, et je me sentais super bien dans ce que je faisais.
Pourquoi avez-vous choisi le nom Anonymus Concepts ?
J'adore être anonyme. Plus je suis dans l'arrière-plan, le mieux c'est!
Lorsque j'ai commencé dans l'industrie en tant que jeune junior fraîchement sorti de l'école, j'ai travaillé chez Loda pendant une courte période et je ne savais pas grand-chose. Ensuite, j'avais un ami qui était designer à GHA et qui ne voulait pas se lancer dans sa propre entreprise.
Nous avons alors décidé de fusionner et nous avons trouvé le nom d'Anonymus Concepts. Nous avons très bien travaillé ensemble, mais je pense qu'il ne comprenait pas vraiment l'aspect commercial de cette entreprise. Au début, il faut beaucoup de sacrifices pour arriver là où il faut être, pour obtenir la quantité d'argent nécessaire pour réussir.
Comment voyez-vous les 5 prochaines années dans votre secteur ?
Dans le secteur de la restauration, nous allons voir se développer beaucoup plus de concepts de franchises. Je pense que les chaînes qui sont encore là pourraient se réaménager et se rénover. La façon dont la covid-19 a impacté notre industrie est très étrange pour nous. Je ne peux même pas l'expliquer. Il y a six ou huit mois, j'étais un peu stressé par le manque de travail. Maintenant, je suis dépassé à un point tel que je ne peux même pas comprendre ce qui se passe. C'est une véritable montagne russe dans notre secteur.
Nous avons remarqué de nombreuses fermetures de restaurants en raison de la pandémie. Pensez-vous que Montréal restera la capitale des restaurants et des bars branchés ?
Quand vous pensez à aller dans un restaurant à Montréal aujourd'hui, ce n'est plus ce que c'était avant la pandémie. Avant, il y avait des restaurants partout, sur toutes les rues. Aujourd'hui, ils sont concentrés dans un seul quartier et il n'y a pas beaucoup de restaurants, si vous regardez vraiment la situation dans son ensemble.
Je pense que nous continuerons à avoir cette réputation, mais nous avons pris un coup important. J'ai entendu de nombreuses histoires de restaurateurs qui se sont installés à Miami pour y ouvrir un restaurant, parce que c'est plus dynamique et plus animé. Mais, nous sommes Montréal et nous sommes résilients. Les gens nous connaissent pour notre vie nocturne, nos restaurants, notre diversité et notre culture.
Quel lieu, restaurant ou club vous a inspiré ?
Le Balthazar à New York m'inspire. J'aime l'ancien concept et la façon dont il est aménagé. J'aime aussi la façon dont les serveurs font partie de la présentation. Le design et tout ce qui se cache derrière l'image de marque rendent également ce restaurant un lieu très spécial.
Quelle est la chose que les gens sont généralement surpris de découvrir à votre sujet ?
Ma femme a toujours pensé que j'aimais la musique de danse hardcore parce que j'étais très présent dans la vie nocturne de Montréal. Alors qu'au fond de moi, je suis un fan de punk hard rock, parce que c'est comme ça que j'ai grandi dans mon temps. Elle n'arrivait pas à le croire!
Quel est votre pays ou votre ville préférée ?
'ai beaucoup voyagé. Pour moi, les voyages sont probablement ma principale source d'inspiration. C'est là que l'on peut voir différentes cultures et vivre des expériences. Je dirais que Bali est mon endroit préféré parce que les gens sont aussi des artistes. À Ubud, tout est une question de peinture, de construction de meubles et d'éclairage à leur manière.
Qu'est-ce qui vous inspire ?
Je pense que tout m'inspire. Cela dépend de la façon dont on voit les choses. Ce n'est pas forcément un espace en soi. Cela peut être une clôture ou un arbre. En fait, cela peut être n'importe quoi.
C'est très facile de regarder et de copier des designs trouvés sur Pinterest et sur Instagram. Le plus difficile est de prendre l’inspiration de différentes pièces et de les fusionner ensemble afin de créer quelque chose de complètement différent.
Pour en savoir plus sur Italo Di Pietro, propriétaire d’Anonymus Concepts, visitez le site web www.anonymusdesign.com